Le séminaire du 2 février dernier, tenu au FEC à Strasbourg, a bien démontré l’attitude ambiguë de l’Allemagne vis-à-vis des nazis criminels de guerre ou coupables de crimes contre l’humanité. Le gouvernement d’Adenauer les a protégés et la dénazification de cette génération d’Allemands n’a pas été menée avec rigueur et fermeté.
Aujourd’hui, on apprend avec stupeur, que plus de 2 OOO personnes dont une cinquantaine en France, touchent une pension de l’Etat allemand pour « collaboration » durant la 2e Guerre mondiale. Cette situation est scandaleuse, révoltante par rapport à toutes les victimes du nazisme que l’Allemagne n’a toujours pas officiellement reconnues.
Pire encore, des journalistes de la télévision comme de la presse écrite, font un amalgame inadmissible entre « les volontaires » dans l’armée allemandes du IIIe Reich et « les incorporés de force ». On ne peut tout de même pas mettre sur un pied d’égalité les bourreaux et les victimes. Il est choquant de confondre ces deux catégories qui n’ont rien en commun sauf qu’ils se sont retrouvés dans la même armée. Ceux qui perçoivent ces pensions, allant de 4OO à 1 300 E par mois, sont ceux qui « ont rendu d’éminents services à l’Allemagne d’Hitler ». Cela ne concerne donc exclusivement que des engagés volontaires qui, pour la plupart ont été épurés après- guerre et condamnés à des peines de prison. L’Allemagne compense ainsi par une rente à vie, à chacun d’eux le temps de détention, qu’au-delà du Rhin on considère comme injuste… Il faut savoir que le gouvernement d’Adenauer a toujours considéré ces individus, comme des prisonniers de guerre et non comme des criminels de guerre ou des criminels contre l’humanité qu’ils étaient. Les incorporés de force n’ont jamais reçu ni considération, ni pension de l’Etat allemand. Ils ont touché tardivement une maigre indemnité par rapport au mal qu’ils ont enduré et dont moralement ils souffriront jusqu’à la fin de leurs jours. Cette indemnité devait simplement aplanir les obstacles qui se dressaient sur la route de l’amitié franco-allemande que l’on voulait promouvoir. De grâce évitons les confusions et les assimilations catégorielles.
Si l’Allemagne veut être un des leaders de l’Europe de demain, elle doit impérativement balayer devant sa porte, nettoyer ses écuries d’Augias… La reconnaissance des crimes du nazisme constitue une étape préalable absolument nécessaire. Comment peut-on vouloir briguer un siège au conseil permanent de l’O.N.U. sans avoir fait à fond le ménage chez soi ?… Comment vouloir donner des leçons à d’autres lorsqu’on joue soi-même un double jeu ?… La République Française doit tenir sur cette question une position ferme, claire et réaliste vis-à-vis de l’Etat allemand. On ne transige pas avec le nazisme.
Jean-Laurent VONAU
Professeur émérite de l’université de Strasbourg et Vice-président honoraire du conseil départemental du Bas-Rhin.